Juste avant leur mariage, un jeune couple américain part en voyage à Paris. Elle est une fille à papa les pieds bien sur terre, lui, Gil, est écrivain et grand nostalgique de l’âge d’or de la ville lumière, celui des guinguettes et des bistros, celui des grands artistes des années 20 et de l’époque bohème : Dali, Hemingway, Picasso, Buñuel et les autres, ceux qui nous font encore rêver. Gil a fait plus qu’en rêver…
Adrianna (Marion Cotillard) et Gil (Owen Wilson) quelque part dans le Paris des années 20
Qu’est ce que le temps sinon une superposition d’époques qui mènent à la notre ? Qu’est ce que le temps sinon des milliards de présents peut être meilleurs, peut être pires, que nous idolâtrons, maudissons, ou oublions simplement qu’ils ont existé un jour ? Nous savons simplement que le passé, ce n’est pas maintenant et que maintenant c’est plat, c’est morne, trop rapide, trop lent, trop ennuyeux, trop individualiste, capitaliste, communiste, … Alors s’il y a un endroit où nous voulons vivre c’est dans le passé. Parce que c’est inaccessible.
Pourtant, un soir, à minuit, après une dégustation de vin, bien française et bien arrosée, la portière d’une ancienne Ford comme on n’en voit plus que dans les musées, s’ouvre. Gil grimpe alors vers une soirée cocktail des années 20 où il rencontre Scott et Zelda Fitzgerald puis Hemingway, et la séduisante Adrianna (Marion Cotillard) si différente d’Inez, sa fiancée qui lui est si mal appareillée. En navigant dans ce passé de carte postale où son talent d’écrivain est reconnu, il en oublie alors sa propre époque.
C’est un thème bien connu que Woody Allen met en scène dans ce film et ce n’est pas par son originalité qu’il dénote mais plutôt par cette façon d’étirer le temps, de ne faire tomber la morale qu’à la toute fin. Il laisse le temps au spectateur de se perdre lui aussi, qu’il ait le temps de rêver qu’une vieille bagnole vienne le chercher au coin d’une rue à minuit.
L’histoire est habilement menée : des références bien connues et bien placées pour que le spectateur se sente cultivé, indétrônable minuit de l’enchantement où tout commence, jusqu’aux classiques plans de Paris, romantiques à souhait animés par une petite musique de guinguette...
On aime Paris sous la pluie, on aime l’ambiance enjouée et fraîche de ce film malgré l’air un peu tristounet d’Owen Wilson, figure de l’écrivain la tête dans les nuages. Woody Allen nous sort un film dynamique, aux dialogues enthousiastes dans lesquels on entendrait presque sa voix dans son ode à un Paris peut être un peu idéal, un peu fantasmé.
--SPOILER--
Si la ville lumière recèle l’époque des années 20 : on découvre aussi à la fin du film une véritable mise en abîme du temps qui s’emballe alors pour nous montrer la Renaissance, la « Belle Époque ». C’est dans cette dernière que se développe le dénouement du film, la véritable idée de Minuit à Paris, la morale : Gil souhaitait vivre dans les années 20, Adrianna dans la belle époque, Gauguin, Degas et Toulouse-Lautrec à la renaissance… Chacun a donc sa propre nostalgie, sa propre envie de fuite… Mais ce n’est pas une solution (comme on s'en doute), c’est en affrontant son présent que l’on réussi à construire sa vie et des œuvres qui, elles, traverseront le temps.
Rendons nos enfants jaloux de notre temps voulez vous.
Anaïs F. (2011)
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